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tenu ce langage. Ils n’ont vu dans le coup de foudre qui l’a renversé qu’un accident en dehors de toutes les prévisions, qu’une calamité indépendante des calamités du passé. Ceux qui cherchent absolument une logique au trépas, n’avaient sans doute pas rencontré Henry Mürger dans ses dernières années : sa carrière rendue désormais facile, son séjour conſtant à la campagne, ses affections groupées autour de lui, tout avait contribué à effacer les traces d’un noviciat littéraire qui compta parmi les plus pénibles ; l’aurore d’une seconde jeunesse s’annonçait même en lui par une légère pointe d’embonpoint. Fait chevalier de la Légion d’honneur, accueilli dans les salons où l’on fête encore l’esprit, hautement eſtimé de tous les lettrés, vivement goûté du public, l’auteur du Dernier Rendez-vous était sur la route de l’Académie, lorsqu’une erreur brutale de la maladie l’a jeté tout à coup sur le lit de la Maison municipale de santé !

La biographie d’Henry Murger comporte peu de développements. Je lui ai entendu dire que sa famille était originaire de Savoie. Il eſt né à Paris ; il y fit des études assez hâtives, mais d’où la latinité ne fut pas exclue. On le plaça dans une étude, comme Scribe, comme Henry Monnier, comme Balzac ; il y reſta assez de temps pour prendre en horreur le papier timbré. Une