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moitié de ses droits. On ne commence guère à savoir vivre & à savoir penser qu’à l’âge où il est mort. La morale & la critique seraient donc mal venues à s’armer de rigueurs élevées vis-à-vis de lui. Quelle logique demander à une carrière sitôt brisée ? Fallait-il voir dans les amertumes & dans les souffrances de ses derniers jours l’expiation d’une jeunesse qui avait éveillé autour d’elle tant d’éclats de rire ? nous ne le croyons pas. Fallait-il rattacher au charmant & délicat faisceau de ses nouvelles un corps de doctrines antiphilosophiques, & ériger en système ce qui ne fut chez lui que boutade passagère ? ce n’en était guère la peine. Son aimable frivolité sur ce terrain nous a souvent rendu la tâche facile, & nous a permis d’éviter ces hautes & graves questions pour lesquelles nous ne nous sentons nous-même ni assez mûr ni assez préparé.

Le seul but que nous nous sommes proposé en commençant, & que nous nous estimerions heureux d’avoir atteint, c’est de ramener un instant l’attention du public vers les œuvres d’un jeune homme à qui sa trop courte existence n’a permis d’avoir que du talent, du bon sens, de la passion & de l’esprit.