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il prit son parti de cette petite vengeance & s’arrangea pour que son exigence littéraire n’en souffrît pas trop. Malgré ses douleurs de toute espèce, malgré la mort de sa mère, sa meilleure amie & la confidente de tous ses chagrins, — bon cœur de femme du peuple, esprit clairvoyant & droit, — il redoubla d’activité & fournit de toutes mains aux journaux. Il fut héroïque à ce moment-là, & l’on a pu dire de lui avec justesse : « Il travaillait avec ardeur, plus encore pour se distraire que pour subvenir aux nécessités assez lourdes de sa vie ; plus encore pour se plaindre que pour se distraire ; plus encore pour produire & pour obéir à l’impétueux instinct de sa vocation, que pour se plaindre. »

Les médecins ne savaient trop où l’envoyer. De Tours il alla au Mans ; toute ville lui convenait, pourvu que ce ne fût pas Paris. Au fait, l’auteur des Nazarille devait aller au Mans, la ville de Ragotin, de la Rancune, de mademoiselle de l’Étoile, de tous ces types, amis & parents des siens. Mais qu’il était loin du Roman comique à l’heure où nous parlons !

« Me voilà établi, comme un vieux de province, dans un grand fauteuil, derrière un carreau tranquille. Je bois trois pintes de lait par jour ; j’habite une rue où il n’est passé depuis ce matin qu’un homme en paletot bleu, qui semblait s’être trompé