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prose de Charles Nodier. Il entasse imparfait sur imparfait pendant trois ou quatre pages, ce qui fatigue & l’œil & l’oreille & l’entendement ; quand il a trop de l’imparfait il se sert du verbe au prétérit. Il ne sait pas encore varier la forme de la phrase, il ignore les ciselures patientes que veulent les phrases incidentes & la manière de les grouper. Entre la force qui marche, à l’instar de Bossuet & de Corneille, par la seule puissance du verbe & du substantif, & le style ample, fleuri, qui donne de la valeur aux adjectifs, il y a l’écueil de la monotonie des temps du verbe. Cet écueil, M. Ourliac ne l’a même pas soupçonné. Néanmoins, il y a en lui les rudiments d’un style particulier, sans ampleur, mais suffisant. »

On voit que Balzac n’épargne pas la vérité à l’auteur de Suzanne. C’est que Balzac l’estimait & le traitait, non pas en père, non pas en ami, mais en confrère, c’est-à-dire presque d’égal à égal.

Subissant l’effet de ces encouragements, Ourliac ne devait plus s’arrêter dans sa transformation. Aux réminiscences religieuses qui devenaient de plus en plus fréquentes en lui, se joignirent — on ne sait par quelle succession d’idées — des aspirations légitimistes, qui se traduisirent par une étude de la Vendée & de sa chouannerie. Les buissons, qu’il interrogea avec une pieuse patience, lui racontèrent des drames héroïques, de plaintives anecdotes. Mademoi-