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distinctifs, & comme deux exemples de ce qu’elle a fourni de détectable & de supérieur, la création de Jérôme Paturot & la série des Scènes de la Bohème. Tout ce que nous pourrions écrire pour & contre la blague se trouve contenu dans ces deux ouvrages, si différents & si pareils ; nous n’irons pas chercher nos arguments ailleurs. Chez M. Reybaud, c’est la bourgeoisie qui se venge de la littérature ; chez M. Mürger, c’est la littérature qui se venge de la littérature elle-même. Le but est commun dans l’un & l’autre livre, les moyens sont semblables aussi ; mais combien leur mise en œuvre diffère, & quelle énorme distance sépare ce Paturot si lourd, si vulgaire, des Scènes de la Bohème, si vives, si folles & si brillantes dans leur immoralité !

Revenons au proverbe d’Édouard Ourliac, pour en dire la conclusion. Chassé par son père, Joséphin lui écrit une lettre :

« Je ne puis vivre éloigné de vous, mon père ; il ne me reste plus un liard. D’ailleurs, j’ai tout vu, tout usé, tout approfondi. Je suis las de la terre où l’on se crotte, des hommes à qui l’on doit de l’argent, des libraires qui n’en donnent pas, des maîtresses qui en demandent, des dîners à dix-huit sous, des bottes percées & des portiers. Vous m’avez donné la vie, père voluptueux & cruel, je vous la rends pour n’avoir rien à vous. Je prends