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tains renseignements sur les habitudes très-privées d’Ourliac ; ils lui ont presque fait un crime du peu d’argent dont il pouvait disposer dans les parties de plaisir[1]. On peut répondre, à la décharge de ce pauvre garçon, qu’il ne possédait aucune espèce de patrimoine, & que la littérature telle qu’il la pratiquait pouvait suffire tout au plus aux exigences premières de la vie. Qu’il ait conçu quelque honte de sa pauvreté & qu’il l’ait exhalée ensuite dans des romans, tels que Collinet & Suzanne, cela est tout naturel. Mais nous ne nous avancerons pas davantage sur ce terrain.

  1. « Quand rompant sa chaîne de famille, & parti tout un jour de la maison paternelle, Ourliac courait les cabarets autour de Paris avec une bande d’amis, des artistes et des écrivains de son âge, il lâchait toute bride à sa verve. Il improvisait des chansons burlesques :

    Le père de la demoiselle,
    Un monsieur fort bien,
    En culotte de peau,
    Qui voulait tout savoir !

    « À ces petites fêtes sous la treille de banlieue, quand il s’agissait d’en payer l’écot, Ourliac n’avait jamais que quarante sous dans sa poche ; c’était le nec plus ultra de son appoint. » Autre part, MM. de Goncourt disent encore « Au milieu des rires qui accueillaient ses saillies, il restait grave & blême, presque humilié d’une galerie, comme un Deburau sur une chaise curule ; &, chose étonnante, de ce Pierrot dont il avait si bien la face, il avait aussi les mignons vices ; il eût très-bien passé par les sept compartiments d’un dessin allemand des sept péchés capitaux, etc., etc.»