— Tiens ! on vous a laissé entrer ?…
Le tailleur réprima une grimace et répondit à cette remarque désobligeante par les mots suivants, accompagnés d’un sourire malin :
— Oh ! j’ai pris un prétexte.
— Bah !
— J’ai dit à votre domestique que je vous apportais un vêtement.
— Tant d’astuce, monsieur Bilderbeck !
Et se tournant à demi vers lui :
— Voilà donc pourquoi la plupart des tailleurs ont toujours un paquet sous le bras ?
— Précisément, monsieur Lespès.
— Eh bien ! mon cher, profitez de votre stratagème comme vous l’entendrez… Asseyez-vous ou restez debout… Prenez un cigare sur la cheminée, faites sauter les bandes de mes journaux… Mais permettez-moi de continuer ma toilette devant vous. Vous êtes un homme.
— Ne vous gênez donc pas, monsieur Lespès ! Moi-même, je suis un peu pressé. J’étais venu pour ma facture…
— Cela se voit bien… Vous êtes incapable de venir chez moi mû par un sentiment désintéressé.
— Je ne l’oserais pas.
— Des mots, monsieur Bilderbeck !
— C’est le désespoir, réplique le tailleur… Figurez-vous que depuis midi je suis sorti de chez moi dans l’intention de réaliser quelques fonds parmi ma clientèle…
— Et vous avez fait chou-blanc ? fit Lespès.
— Hélas !
— Même avec votre paquet sous le bras ?
— Ne vous moquez pas, monsieur Lespès… j’ai mis en vous mon dernier espoir.