— Vous venez pour vos pauvres.
Et déjà l’excellent homme courait à son secrétaire.
— Quand je vous le disais ! fit M. Jousselin ; vous n’y êtes pas du tout.
— Alors ?… interrogea Dumas, dont les regards pétillants allaient de l’un à l’autre.
— C’est un peu embarrassant pour moi à expliquer.
— Allez toujours, monsieur le curé.
— Nous venons vous demander….
— Quoi ?
— Un poème.
Dumas éclata de rire.
— Un poème, monsieur le curé ! Est-ce bien possible ? Vous vous êtes trompé de porte, vous avez cru entrer chez Milton ou Camoëns. Un poème ! mais on n’en fait plus depuis la Henriade de votre ennemi personnel, M. de Voltaire.
— Je ne suis l’ennemi de personne, pas même de M. de Voltaire, répondit doucement le prêtre.
Le gros rire de Dumas durait toujours.
— Un poème ! répéta-t-il ; vous venez me demander un poème ! C’est beaucoup d’honneur que vous me faites, en vérité. Comment vous le faut-il, monsieur le curé ? dites-le-moi. Est-ce un poème comme la Divine Comédie de Dante, comme la Messiade de Klopstock, comme les poèmes de l’Inde ?…
M. Jousselin et M. Bazille se regardaient d’un air confus.
— Je vois que je me suis mal exprimé, dit le premier ; le poème que nous venons solliciter de votre bonne grâce n’est qu’un poème d’opéra.
— Un libretto, ajouta M. Bazille d’une voix si faible qu’on l’entendait à peine.
— À la bonne heure ! dit Dumas ; et pour qui ce