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petits mémoires littéraires

Mais gardez aussi cette veine
Et cette muse à la voix pleine
Qui vous ont si bien inspiré.
Faites des vers, faites des contes ;
Laissez crier après quelque plat érudit ;
Méprisez des béats le cortège maudit.
Ne cédez pas aux courtes hontes…. »

Suit le récit d’une visite de Quérard : « Le cher Quérard est venu hier à l’Étang. C’est le Breton dans sa fleur : bonté, gaieté, franchise, il a tout ce que j’aime. Il m’a grandement intéressé par ses récits variés, originaux ; il sait tout ce qui se passe dans les lettres, et il en fait le tableau de la manière la plus propre à fixer l’attention. Les oreilles ont dû vous tinter, car nous avons fort parlé de vous. Ma maisonnette lui plaît, ma femme le charme, ma cordialité l’enchante, ce qui n’empêche pas. qu’il ne mette rien au-dessus de vos Batignolles, de votre table et de votre gracieuse académie. »

Je n’ai pas besoin de faire remarquer que la prose de Grille est très bonne, d’un tour bien français. Quant à ses vers, — ah ! dame, j’en suis fâché, ses vers n’existent pas ; rien de plus médiocre, de plus inutile, de plus plat……

À propos de cette visite de Quérard à l’Étang, Van den Zande prend la balle au bond, et il écrit à Grille :

« Votre muse, maître Grille, va rinforzando, et je suis émerveillé de ses prouesses. Mais pourquoi vantez-vous les déjeuners des dimanches aux Batignolles sans les connaître ? Pourquoi ne vous rendez-vous pas à nos invitations réitérées ? Je ne veux plus continuer ma correspondance sans vous avoir vu et trinqué avec vous. Il me semble que, de votre côté, vous devez avoir envie de savoir quelle est la mine de Jean Rigoleur. »

Jean Rigoleur était un sobriquet que s’était donné