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aperçu de nombreuses lacunes dans la tradition officielle. De là son entrée en loge au Dépôt de la guerre ; de là cet ouvrage substantiel, plein de faits et de découvertes, indispensable désormais : Histoire de Louvois et de son administration politique et littéraire.

Les deux premiers volumes, qui conduisent le lecteur jusqu’à la paix de Nimègue, parurent en 1861 ; les deux autres, en 1863. Ces deux derniers volumes ne constituent pas la partie la moins curieuse de ce grand travail. « Louvois, dit M. Rousset, avait une façon d’entendre et de pratiquer la paix qui n’était véritablement qu’à lui. Il avait imaginé une sorte de paix rongeante et envahissante qui devait exclure les risques et les inconvénients de la guerre, pour ne laisser subsister que les avantages qu’elle aurait procurés : beaucoup de profit, sans effusion de sang et sans grosse dépense. »

Le succès de l’Histoire de Louvois fut rapide et est resté durable ; l’Académie française le consacra solennellement en maintenant pendant trois ans à son auteur le grand prix Gobert. L’État, à son tour, ne voulut pas se laisser distancer, et nomma M. Camille Rousset conservateur des archives de la guerre. C’était rentrer en seigneur dans un domaine où il avait été reçu jusqu’alors sur le pied d’un visiteur.

M. Rousset sut reconnaître ces distinctions en se remettant à l’œuvre. Il fit bientôt suivre son Histoire de Louvois de deux volumes intitulés : Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, avec une introduction. La même faveur accueillit cette seconde masse de documents inédits ; on remarqua le ton solide de l’introduction où, à propos de la Vérité, il constate que « si elle a fait descendre