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petits mémoires littéraires

Ce n’est qu’un mot, en effet. Qu’importe la sincérité lorsque, comme chez Ponsard, elle est unie à la médiocrité ?

Depuis son entrée à l’Académie, M. Joseph Autran habita un peu plus Paris ; mais dès qu’il croyait que son absence n’y serait pas remarquée, c’était avec bonheur qu’il s’échappait pour s’en aller vivre soit dans sa maison de la rue Montgrand à Marseille, soit dans sa propriété de la Malle, entre le Pin et Cabriès, soit dans sa terre de Pradine en Vaucluse.

Sa dernière publication, qui détonne un peu sur les autres, est intitulée : Sonnets capricieux. Très capricieux, en effet, très enjoués, souvent moqueurs, et plus mondains qu’on ne s’y serait attendu. On peut s’en faire une idée par les titres de quelques-uns : le Pays du Tendre, le Scandale des roses, le Bain de la marquise, Billet doux de Scaramouche, Colonel en retraite, Petites bouches, etc. etc.

En sa qualité de Provençal, M. Autran revendique pour son pays l’honneur d’avoir produit le sonnet : « Le sonnet, si je ne me trompe, fut créé en 1250 par un troubadour du nom de Gérard de Bourneuil. C’est en Provence qu’il naquit spontanément, comme une fleur du sol ; et c’est au meilleur coin de la Provence, au pays de Vaucluse, que j’ai moi-même, six siècles après, cueilli cette dernière gerbe. »

Il y a de brillants épis dans cette gerbe, mêlés à quelques herbes insignifiantes ; d’autres, comme le suivant, expriment des idées singulières et despotiques :

Presque tous les rimeurs, à partir de Malherbe,
Lafare, Chapelain, Jean-Baptiste Rousseau,
Saint-Lambert, Pompignan, Chaulieu, tout le monceau,
Ont écrit platement, je souligne l’adverbe.