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quatrième fils. — D’où venait M. Cuvillier-Fleury ? de Florence, où il avait été pendant quelque temps secrétaire de Louis Bonaparte, l’ex-roi de Hollande. C’était un jeune homme nourri de fortes études, un prix d’honneur, et qui sut se montrer sans peine à la hauteur de sa nouvelle tâche. Nul ne lui contestera, en effet, d’avoir formé un brillant élève, si brillant, que l’Académie française, en ces derniers temps, a jugé cet élève digne d’occuper un fauteuil, à côté de son ancien précepteur.

Pendant la première moitié du règne de Louis-Philippe, M. Cuvillier-Fleury eut souvent à partager avec M. Trognon, précepteur du prince de Joinville, les épigrammes dont les petits journaux criblaient sans relâche tout ce qui appartenait plus ou moins au Château, comme on appelait alors les Tuileries ; — épigrammes et jeux de mots d’un goût déplorable, et qui ont peut-être dès lors contribué à jeter quelque aigreur dans l’âme de l’écrivain.

Lorsque M. le duc d’Aumale n’eut plus besoin de précepteur, il conserva auprès de lui M. Cuvillier-Fleury avec le titre et la qualité de secrétaire de ses commandements. Ce n’était pas tout à fait une sinécure : le prince voyageait souvent, et il emmenait M. Cuvillier-Fleury. — C’est dans un de ces voyages, au camp de Saint-Médard, près de Bordeaux, que j’ai eu le plaisir de voir pour la première fois l’auteur des Portraits politiques et révolutionnaires. Il rayonnait au milieu des fêtes qu’il aidait à organiser, et où ses manières pleines de tact lui conciliaient de nombreuses sympathies.

Il était déjà collaborateur du Journal des Débats depuis 1834. Il y avait trouvé sa place toute faite dans ce groupe d’hommes diserts et classiques, admirable-