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petits mémoires littéraires

Mondes, où il s’est maintenu pendant trente ans environ et où il a publié la plupart de ses ouvrages, — sauf quelques excursions à la Mode, à la Presse, au Moniteur et au Musée des Familles.

Je ne rappellerai pas tous ses ouvrages ; ils sont connus et très goûtés. M. Sandeau excellait particulièrement dans la peinture des vieux intérieurs de province, des appartements solennels, des parcs dévastés. Il savait donner un charme pénétrant aux développements d’une passion combattue. Son style avait de la race et de la poésie.

Balzac faisait grand cas de Jules Sandeau.

Celui-ci n’a pas attendu la mort du maître pour se montrer reconnaissant : lors de la réimpression des romans de jeunesse de Balzac, il lui consacra une notice assez étendue qui se trouve en tête du premier volume de la Dernière Fée, et que je recommande aux curieux.

Ce n’est que sur le tard que Jules Sandeau s’est avisé d’aborder le théâtre. On avait déjà fait des drames avec Fernand, des vaudevilles avec Vaillance et le docteur Herbeau, jusqu’au jour où, moins insouciant, il essaya de transporter lui-même ses livres à la scène. Il y fut poussé par quelqu’un, j’imagine ; on a prétendu que cela avait été par l’acteur Régnier. Tirée d’un de ses romans, Mademoiselle de la Seiglière a été une des comédies les plus jouées du Théâtre-Français.

Cette heureuse chance le porta à extraire d’autres pièces de ses autres livres ; il fut aidé dans cette besogne de carrier dramatique par M. Émile Augier ; le meilleur fruit de cette collaboration est resté le Gendre de M. Poirier.

Jules Sandeau est un des hommes qui ont eu le