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petits mémoires littéraires

Un beau Mariage, joué en 1859 au Gymnase, est encore un hanneton attrapé à la fois par M. Foussier et par M. Augier ; pièce agréable et qui méritait de passer moins inaperçue.

Nous touchons maintenant aux deux plus importantes comédies satiriques de M. Émile Augier : les Effrontés et le Fils de Giboyer, deux œuvres qui se suivent et se continuent non seulement par la même idée, mais encore avec les mêmes personnages, à la façon de Beaumarchais. Les Effrontés s’en prennent particulièrement aux financiers et aux journalistes ; le Fils de Giboyer attaque les nobles et les cléricaux. Cette dernière comédie surtout fit un scandale énorme. Voici comment la Revue des Deux-Mondes en résumait l’esprit :

« M. E. Augier a voulu faire une pièce politique, ou, comme il aime mieux dire, sociale. Quelque nom qu’on y mette, cela consiste à porter sur la scène les questions contemporaines toutes chaudes, à y grouper et à y promener les hommes du jour, les partis, les intérêts, les passions, au moment même de leur effervescence au dehors. Personne qui n’ait vu derrière la toile transparente du théâtre le Corps législatif, personne qui n’ait appliqué des noms connus à certains personnages montrés ou désignés, personne qui, sous le débat fictif, n’ait reconnu la question romaine. Donc, légitimistes, orléanistes, républicains, socialistes, tous les anciens partis ont figuré là sous des types d’intrigants, d’hypocrites, de sceptiques ou d’imbéciles, qu’il a plu à M. Augier de leur attribuer. »

Et dire pourtant que c’est le même auteur du Fils de Giboyer qui, s’adressant hier à M. Émile Olivier, académicien entre deux selles, s’exprimait avec cette