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petits mémoires littéraires

Lionnes pauvres, autre pièce en cinq actes, mais en prose celle-ci, en prose hardie, passionnée. Ici reparaît M. Édouard Foussier comme collaborateur. À propos de cette collaboration — et des autres, — M. Augier se permit d’adresser, dans la préface des Lionnes pauvre, quelques explications à l’Académie française :

« Quand elle m’a fait l’honneur de m’admettre dans ses rangs, dit-il, elle m’a très spirituellement et très paternellement tancé de mes collaborations, quoique rares et bien choisies ; et voilà qu’à peine entré dans son giron, je retourne à mon péché !

» Je suis volontiers de l’avis de M. Lebrun, à l’endroit de la collaboration ; mais on n’est pas toujours maître de sa destinée. Voyez en ce cas, par exemple : j’ai pour ami intime un de mes confrères qui n’a pas plus que moi l’habitude de collaborer. Mais nous ne sommes très mondains ni l’un ni l’autre, et passons aisément notre soirée au coin du feu. Là, on cause de choses et d’autres, comme le Fantasio de notre cher de Musset, en attrapant tous les hannetons qui passent autour de la chandelle ; et si, parmi ces hannetons, il voltige une idée de comédie, auquel des deux appartient-elle ? À aucun des deux. Il faut donc lui rendre la volée ou la garder par indivis. »

Vous aurez remarqué le passage où M. Augier parle de la rareté de ses collaborations, et ces mots :…… « qui n’a pas plus que moi l’habitude de collaborer. » Ils vous auront paru d’autant plus étranges, qu’ils viennent après douze pièces, dont six ont été composées en collaboration. Ce sextuple fait, au premier aspect, semble fort constituer une habitude. Comme variété nouvelle, M. Émile Augier introduit la collaboration au hanneton, à laquelle on comprend que M. Lebrun n’ait pas songé.