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à ce niveau d’éloquence et s’acheva dans des plaisanteries d’un ordre douteux. C’est ainsi qu’il félicita M. Hugo, à propos de ses drames, du degré d’importance auquel il avait fait parvenir l’art scénique, — mot qui fut relevé immédiatement par l’auditoire et qui défraya pendant quelques jours les petits journaux d’alors. Ce fut un succès pour M. de Salvandy.

II

Je ne répondrais pas que M. Victor Hugo ait été un académicien très assidu aux séances particulières et publiques de l’illustre corps. On le voit cependant, au bout de quelque temps, élevé à la qualité de président, recevoir successivement M. Saint-Marc Girardin et M. Sainte-Beuve. Au premier, il n’épargna pas les épigrammes et se vengea sur lui de ce que lui avait fait endurer M. de Salvandy. Son discours (enfermé dans un éloge de Campenon, juste ciel !) est une merveille d’ironie sereine et d’esprit hautain.

À partir de ces deux réceptions, je cherche vainement la trace de M. Victor Hugo dans les Rapports de l’Académie française. Il faut croire que ses travaux particuliers le tinrent éloigné de ses collègues.

Sur ces entrefaites, il fut appelé à la pairie.

L’n de ses actes comme pair de France fut de demander la rentrée de la famille Bonaparte ; initiative dont il devait tant se repentir !

Académicien et pair de France, M. Hugo pouvait se croire arrivé, dans le sens que les ambitieux attachent à ce mot. Il l’était, en effet. Le chemin parcouru jusqu’à ce moment environ a été raconté d’une façon exacte et attrayante dans un livre anonyme intitulé :