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petits mémoires littéraires

» Il ne les aime pas très cuites, dit Streich ; il ne veut pas de lard non plus… huit œufs seulement.

» — Comment ! huit œufs ! s’écria le chef.

» — Oui, huit œufs ; madame me l’a dit.

» — Huit œufs pour un homme seul ! murmura le chef, qui, en quelques minutes, eut confectionné une énorme omelette.

» Un valet alla porter l’omelette sur un plat et entra justement quand finissait le poème antique. Chacun se précipitait autour du notaire de Compiègne pour lui faire mille compliments exagérés… Le valet eut beaucoup de peine à percer la foule et présenta gravement l’omelette au poète, qui la regarda et faillit s’évanouir aux fumées d’un mets aussi prosaïque. »

Ici nous sommes en pleine farce.

Mais Méry avait fait mieux et d’une façon plus relevée.

Méry avait improvisé tout un acte en vers, peu de jours avant la représentation de la 'Lucrèce de Ponsard, et, un beau matin, le journal le Globe livrait en pâture à la curiosité de ses lecteurs un feuilleton intitulé :

LUCRÈCE
TRAGÉDIE
(Fragment inédit).

SCÈNE PREMIERE
La maison de l’aruspice Faustus
(Une vaste treille, à mi-côte du mont Quirinal. — À gauche, la façade d’une maison en briques rouges. — Devant la porte, un dieu pénate en argile. — Au bas du Quirinal, dans un fond lumineux, le Champ de Mars bordé par le Tibre)
FAUSTUS

Dieu pénate d’argile, ô mon dieu domestique !
Un jour tu seras d’or, sous un riche portique,