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CHAPITRE XXI

Les épreuves de Victor Hugo. — Madame Juliette Drouet.
— Un dîner interrompu, avenue d’Eylau.

Il est dans la destinée de Victor Hugo de voir tomber autour de lui tous ceux qu’il a aimés. Cela a été d’abord son frère, puis sa fille, et successivement sa femme et ses deux fils. Enfin, son amie la meilleure, madame Drouet, l’a quitté à soixante-dix-huit ans.

Ceux qui ont approché Victor Hugo dans ces dernières années connaissaient madame Drouet, qui faisait les honneurs de sa maison avec une grâce et une affabilité exquises. À voir dans leur demeure hospitalière ces deux beaux vieillards, assis chacun à l’un des coins de leur haute cheminée, on ne pouvait s’empêcher de songer à Philémon et Baucis, mais à un Philémon et à une Baucis d’un rang plus relevé. C’était la même douceur de langage, la même délicatesse d’accueil que chez les bons héros de La Fontaine ; mais, hélas !