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petits mémoires littéraires

Cette visite-là m’avait laissé si peu d’inquiétude que je jugeai inutile de la recommencer le lendemain. J’avais, d’ailleurs, tous les jours des nouvelles de M. de Villemessant par M. Camille Debans, un des rédacteurs du Figaro, qui le voyait à toute heure et auquel il a dicté quelques-unes de ses dernières lettres.

Un jour, cependant, M. Debans me prit à part et me dit :

— Vous savez… Villemessant ne va pas bien.

— Pas mieux, voulez-vous dire !

— Non, pas bien du tout ! fit M. Camille Debans en hochant la tête.

— Son eczéma empire ?

— Ah bien oui ! ce n’est plus un eczéma ; c’est une infiltration des poumons… je ne sais pas vous dire… quelque chose comme une hypertrophie… cela gagne, cela s’étend.

— Diable !… Et semble-t-il affecté ?

— Lui ! il n’est occupé qu’à nous faire des niches.

— Alors, rien n’est désespéré.

Là-dessus, je partis pour Nice où j’avais quelques personnes à voir. À Nice, tout le monde me demanda comment allait M. de Villemessant. On me parut plus alarmé qu’à Monaco. Je sus que le docteur de Labordette avait été appelé auprès de lui, et qu’il était revenu la figure longue, sans vouloir répondre aux questions qu’on lui adressait de toutes parts.

Cette particularité hâta mon retour à Monaco.

Me Lachaud et M. de Rodays, un des administrateurs du Figaro y étaient arrivés de la veille, mandés par M. de Villemessant lui-même. Il avait donc perdu quelque chose de son assurance. Cependant, comme il n’avait pas fait écrire à ses filles, ses deux