Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
petits mémoires littéraires

pour la première fois en 1848, figurent aujourd’hui dans le volume des Émaux et Camées.

Ce n’étaient pas les morts qu’éveille
Le son du nocturne tambour,
Mais bien quelques Vieux de la Vieille
Qui célébraient le grand retour.

Depuis la suprême bataille,
L’un a maigri, l’autre a grossi.
L’habit jadis fait à leur taille
Est trop grand ou trop rétréci.

Un plumet énervé palpite
Sur le kolbach fauve et pelé ;
Prés des trous de balle la mite
A rongé leur dolman criblé.

Leur culotte de peau trop large
Fait mille plis sur leur fémur.
Leur sabre rouillé, lourde charge,
Creuse le sol et bat le mur.

À quoi bon continuer ? Ces beaux vers ne sont-ils pas dans toutes les mémoires ?

On ne se méprendra pas sur le sentiment qui me fait évoquer cette anecdote et m’enorgueillir d’avoir fourni à l’un des écrivains que j’admire le plus l’occasion de produire un chef-d’œuvre.

Mettons, si vous voulez, que j’ai été ce jour-là le chien qui fait lever le gibier.

Mais de quel triomphant coup de fusil le poète a abattu cette pièce !

En 1866, Théophile Gautier m’envoya un exemplaire de son Capitaine Fracasse, accompagné de l’amusante lettre que voici :

« Mon cher Monselet,

» Accepte ce Fracasse illustré, et parles-en dans les papiers où tu reluis comme une casserole de cuivre bien