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article de cette façon : « Très coquet, le déshabillé de la petite baronne… »

Razzoua a peut-être su, en des temps meilleurs, ce que c’était qu’une petite baronne.

Mais n’allons pas trop loin : ce sont surtout des articles de sport, des souvenirs de voyage, que Razzoua a donnés à la Vie parisienne. La plupart de ces pages ont été réunies en un volume fort intéressant.

La guerre de 1870 mit Razzoua en évidence. Comme il avait servi longtemps en Afrique, on fit de lui un chef de bataillon de la garde nationale. Il commanda le 61e, où il eut sous ses ordres un assez grand nombre d’artistes et de littérateurs du territoire de Montmartre, entre autres Olivier Métra, Émile Bénassit, Tony Révillon, Louis Davyl, Maisonneufve, etc. etc.

Plus tard, nommé député de Paris, il alla siéger à l’Assemblée de Bordeaux. Il donna sa démission, avec le groupe de Victor Hugo, et revint à Paris quelques jours avant le 18 Mars.

On sait le reste.

Les détails de son évasion de Paris, quelques jours après l’entrée des troupes versaillaises, participent du roman. Le moment n’est pas venu de les raconter : ils pourraient compromettre un gentilhomme charmant, très connu et très aimé. Cet excellent baron (ai-je dit que c’est un baron ?) obligea Razzoua à couper sa barbe et le fit monter avec lui dans sa chaise de poste. « Fouette, cocher ! Aux fortifications ! » Razzoua passa comme son domestique. Il était libre.

Le gentilhomme avait sauvé un homme du peuple, qui n’avait pas l’ombre d’un homicide à se reprocher, — quoi qu’on en ait pu dire.

Mais, je le répète, l’heure n’est pas venue de détailler et d’insister.