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francs d’amende, sur le délit de coups et blessures ; Théodore Barrière en fut quitte à cent francs seulement, pour cause de duel. Les témoins ne furent pas inquiétés.

Voilà, les détails rigoureusement exacts de cette équipée de jeunesse. On trouvera le reste dans tous les journaux du temps ; il y est question, entre autres choses, d’une paire de bretelles et d’un déjeuner fantaisiste. Je ne vous engage pas à tout accepter aveuglément ; dans le plus mince duel, quoiqu’on raille, il y a toujours la part de l’inconnu ou de la fatalité.


Personne ne s’est trouvé, à un certain moment, plus mêlé au monde des journalistes que ce petit homme rond, court, rougeaud, remuant. Il était de toutes nos fêtes plutôt que de tous nos travaux, — c’est-à-dire que nous le rencontrions principalement aux inaugurations de chemins de fer, aux courses de chevaux, et surtout dans les réunions de villes d’eaux, en Allemagne, en Suisse, en Belgique.

Il avait fini par devenir un courriériste spécialement balnéaire ; il s’était mis au régime de deux ou trois feuilletons par an dans le Siècle pas davantage, sous le règne de Louis Desnoyers, son ami et son contemporain, à quelques années près.

Ce n’était pas qu’Émile Solié n’eût été un écrivain très actif au temps jadis. L’Artiste, l’Entracte, l’Époque et la Presse l’avaient compté au nombre de leurs rédacteurs assidus ; il avait concouru à la fondation et à la collaboration d’une multitude de petites feuilles : Le Musée des Dames et des Demoiselles, les Nouvelles, bien d’autres que j’oublie. Il écrivait correctement,