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mandée à Méry et Gérard de Nerval, qui lui firent un drame-légende-féerie : l’Imagier de Harlem, amalgame fantastique de la découverte de l’imprimerie et de la tradition de Faust. Cet imagier n’est autre que Laurent Coster, dans lequel les Hollandais veulent voir le prédécesseur et le précurseur de Gutenberg. Les Hollandais ont peut-être raison.

Ce fut une belle soirée, la représentation de l’Imagier de Harlem, pleine de spectacle et de fatigue, où l’on entendit de fort beaux vers et où l’on admira de superbes décors. Mélingue était un incomparable Méphistophélès ; Madame Marie Laurent était magnifique dans les nombreuses incarnations de la belle Hélène, — où l’on reconnaissait l’imagination rêveuse de Gérard de Nerval. Malgré cela, la pièce ne fit pas un radis.

Marc Fournier lutta pourtant : ses Nuits de la Seine, qui eurent un meilleur destin, se rattachent encore à l’art, surtout par le prologue, qu’égayaient les lazzis d’un professeur de langue verte. Les Nuits de la Seine sont un de ses bons ouvrages, — préférable à la Bête au bon Bien, malgré l’idée de comédie que contient ce dernier drame.

Puis, vint le moment où on lui défendit déjouer ses propres pièces. Il se résigna et trouva dans les pièces d’autrui quelques succès qui lui amenèrent l’argent tant convoité, les Chevaliers du Brouillards entre autres. Mais sa véritable fortune ne date guère que de la reprise de certaine féeries fameuses, et particulièrement de la Biche au bois.

Oh ! cette Biche au bois !

A-t-elle tenu assez de place dans l’histoire de la Porte-Saint-Martin ? Elle a été comme ce couteau de