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MERCIER


I

Mercier, un de ces énergiques et singuliers talents que nous n’avons pas toujours voulu comprendre en France, a longtemps joui d’une réputation considérable à l’étranger, dans le Nord et surtout aux pays allemands. Ce n’est pas la première fois que de telles bizarreries se produisent, et cela devrait nous donner à réfléchir. C’est souvent avec trop de passion nous-mêmes que nous jugeons les écrivains de passion.

Mercier s’est pour ainsi dire installé par force au milieu de la littérature de son époque, qui ne voulait pas de lui. Et, s’il n’a pas fini par avoir raison de tout le monde, du moins a-t-il fini par avoir raison de lui-même, ce qui est déjà quelque chose, et par se constituer une inébranlabilité de résolution, une volonté littéraire qu’il faut admirer.

Il naquit à Paris, le 6 juin 1740, d’une famille de commerçants. Ses deux prénoms furent Louis--