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OUBLIÉS ET DEDAIGNÉS.

ait pas eu pour vous, je m’empresserai de réparer ma faute.

« J’ai vu hier le fabricateur du Mercure, qui a depuis deux mois votre lettre sur le régiment de Picardie. Vous ne sçavez pas ce qui les a empêchés de les publier : c’est qu’il leur en manque la première partie. Ce n’est pas qu’ils l’aient perdue, mais ils ne sçauraient la retrouver. Ils sont en quelque sorte excusables. Cette partie, qu’ils ont égarée, est de votre écriture. Je n’avais recopié que les cinq dernières pages ; or, eux voiant qu’il y avait deux écritures ont cru que c’étaient deux sujets différents ; ils ont séparé les deux morceaux, et dans le rassemblement de tous les matériaux qui servent à leur édifice, le premier est resté on ne sait où. Si vous voulez bien, aussitôt la présente reçue, me renvoier la copie de votre lettre jusqu’à ces mots, que je hasarde sur le papier. J’ajouterai cependant à ma lettre qu’il a des, etc. ; nous avons tout le reste, et dès que je l’aurai fait passer au Mercure, la lettre y sera insérée. Il a fallu adoucir un peu la dernière frase. Il est très-vrai que la principale occupation de ces messieurs est de faire des cocus et des bâtards : mais M. le Mercuriste m’a fort assuré qu’il ne fallait pas le dire.

« Nous avons eu tous avant-hier une belle peur au Palais. Toutes les avenues s’en sont trouvées saisies dès quatre heure du matin par des gardes suisses, des gardes françaises, des gardes du corps, etc. Nos pauvres robbes noires ne faisaient pas grande figure, comme vous sentez, auprès des baïonnettes et des uniformes ; et on prit la liberté de nous fermer la porte au nez. À dix heures le roi est arrivé. Il a fait raier lui-même de certaines protestations que le parlement avait faites contre la commission de Bretagne, ou du moins contre l’ordre qu’a reçu le parlement de Rennes, chargé d’instruire le procès de M. de La Chalottais, d’y admettre quatre maîtres des requêtes. Le parlement de Paris ne le veut pas, et le roi de France le veut. Je crois que ce dernier aura l’avantage. Cette exécution s’est fait très-militairement, et