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DORVIGNY.

jolies demoiselles que le bon roi Louis XV allait visiter en bonne fortune, mais en tout bien tout honneur, car il dotait toutes celles auxquelles il faisait des enfants. On prétend que le bon Dorvigny naquit d’une de ces demoiselles ; je l’ai vu donner pour un fait incontestable dans quelques recueils et mémoires imprimés, et entre autres les Mémoires secrets de Bachaumont. Ce qu’il y a de certain, c’est que Dorvigny avait quelques traits de la belle physionomie de Louis XV, et qu’il ressemblait comme deux gouttes d’eau à un écu de six livres au millésime de 1726 à 1750. »

Vers la fin, Dorat-Cubières gâte un peu son épître par la plus extraordinaire sortie, — contre qui ? — contre M. de Chateaubriand !

Au siècle où nous vivons, aisément tout s’oublie ;
Chez nous tout est caprice ou mode ou fantaisie ;
Monsieur Chateaubriand un moment a brillé,
Mais tout Paris s’en moque, et dûment étrillé,
Pour avoir à Chénier refusé son suffrage,
De sa Jérusalem il poursuit le voyage.
Monsieur Chateaubriand a pourtant des vertus ;
Il fait des vers en prose aussi bien qu’Ennius ;
De la religion il est le digne apôtre,
Mais un fou chasse un fou, comme un clou chasse l’autre.

Nodier écrivait ceci : « En général, l’homme qui donne un proverbe au peuple a fait preuve de génie. Une pareille sympathie d’esprit avec une nation entière n’est jamais du fait d’un écrivain médiocre. Je ne parle pas ici du trait bien exprimé qui se grave dans la mémoire des gens d’esprit, et qui ne prouve quelquefois que de l’esprit. Gresset, qui n’avait pas