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composition avec autant d’abandon que par le passé. Sous la même ampleur et la même sérénité d’exécution, je me suis surpris à retrouver des romans lus plusieurs fois. Ces visages si beaux, je les connais ; ces cœurs sublimes m’ont déjà étonné ; ces marivaudages dans la passion m’exaspéraient encore l’année dernière.

J’entends cependant autour de moi des gens qui s’extasient ; cette ardeur au travail, cette fécondité soutenue les transportent ; ils vont s’écriant que George Sand revient au roman pur, au roman dégagé de toute démocratie, au roman moral en un mot ; et dans le Marquis de Villemer ils veulent voir un progrès et une transformation. Les choses ne m’apparaissent point ainsi. D’abord, ce n’est pas la première fois que, par hasard ou autrement, madame Sand a fait un livre moral. Amis et ennemis la représentent toujours occupée à saper un principe ou à battre en brèche une loi sociale. Ce George Sand-là, épouvantail des procureurs impériaux de province, est aussi loin de nous que le George Sand en pantalon de cachemire rouge et en blouse