Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

voyait silencieux et sombre, assis sur un canapé, elle lui dit, pendant qu’elle défaisait ses cheveux :

— Vous êtes triste, Philippe, parce qu’on m’a égayée. Bah ! j’y ai à peine fait attention, moi. Ne connaissez-vous pas les caprices du public ? Et puis, je ne sais pas au juste si cela partait de la salle ; le machiniste, qui est le plus excellent des hommes, a voulu me prouver que ce coup de sifflet avait été lâché par lui, involontairement, comme cela se pratique pour le changement de décor. Ne trouvez-vous pas, Philippe, cette invention tout à fait habile et touchante ?

Et, se tournant vers lui, elle lui montra un visage où la bouche souriait, tandis que les yeux s’efforçaient de retenir des larmes. Mais ce visage, il ne le vit pas. Il ne voyait rien. Le regard attaché au tapis, il ne pensait qu’à la rencontre inattendue d’Irénée. Il se demandait ce que pouvait signifier sa présence à Bruxelles. Il ne tarda pas à l’apprendre, car le lendemain, dès le matin, deux messieurs lui remettaient une lettre de M. de Trémeleu. Voici ce que contenait cette lettre :

Monsieur,

Il y a une chose dont vous ne devez plus douter à l’heure qu’il est : c’est que je m’y serais pris autrement que vous pour assurer le bonheur de Mlle Marianna Rupert.

Après avoir brisé l’amour de la femme, vous voilà sur le point de briser la carrière de l’artiste.

Au fond de votre conscience vous trouverez la qualification de votre conduite ; et, lorsque vous l’aurez trouvée, vous comprendrez quel genre de satisfaction j’attends de vous.

De Tremeleu