Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est-à-dire qu’elles seront charmées en tout temps de vous recevoir soit à Paris, soit à Ingrande, où leur salon est ouvert toute l’année ; mais qu’à la Teste vous tombez fatalement sous le coup de la loi qu’elles se sont imposée de ne recevoir personne. Comprenez-vous ?

— Parfaitement, et je les remercie de leurs bonnes dispositions pour l’avenir, quoique je n’en userai sans doute jamais.

— Pourquoi donc ? demanda à son tour Irénée.

— Pour deux raisons : la première, c’est que je n’irai probablement jamais à Ingrande ; la seconde, c’est qu’une fois à Paris j’aurai oublié la comtesse et la marquise. Leur connaissance n’a de valeur pour moi que dans ce désert.

— Ainsi… ?

— Ainsi j’en serai quitte pour chercher un autre moyen de me trouver avec elles.

— Un autre moyen ?

— Certainement. Me croyez-vous donc absolument dépourvu d’imagination ? Et ne peut-on s’introduire chez les gens autrement qu’en frappant à leur porte ?

— Ma foi, j’avoue que jusqu’à ce jour je me suis contenté de ce procédé-là, les autres me paraissant trop exclusivement du ressort du théâtre et de la Gazette des Tribunaux.

— Allons ! dit M. Blanchard, je vois que de nous deux, c’est moi qui suis le jeune homme.

Il reprit sa promenade à travers la chambre.

Irénée s’approcha d’une des fenêtres, et ses regards interrogèrent l’étendue.

— Voyez-vous, reprit subitement M. Blanchard en revenant se placer devant Irénée, je tiens scrupuleusement à faire ce que j’ai décidé de faire. C’est une de mes principales règles de conduite, la principale vraiment. Mon grand souci a toujours été de me tenir parole. Je me jette à moi-même des défis, que je ramasse intrépidement ; je m’appelle dans le champ clos de l’inusité et du difficile. La chose que, tout d’abord, j’hésite à accomplir, est justement celle qui va me séduire tout à l’heure. Vous auriez tort de voir de l’originalité là-dedans : il n’y a absolument que de l’esprit de suite, ce qui constitue le respect de la volonté humaine. Je suis aidé dans mon système par une