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Or, il advint qu’un matin M. Blanchard, en se mettant à la fenêtre, n’aperçut qu’une haute muraille grise et nue. Il fit la grimace d’un gourmet mal servi.

— Médiocrement réjouissant ! dit-il ; voyons de l’autre côté.

Et, se retournant, il vit une seconde muraille absolument pareille à la première.

— C’est plat, c’est mauvais, grommela-t-il ; le goût de ce drôle se déprave. Allons, en route ; vite, sortons de ce puits !

M. Blanchard agita un cordon qui, d’habitude, mettait le cocher en émoi et les chevaux au galop. Mais le ressort était sans doute cassé, car l’immeuble ne bougea pas. Il eut recours à un autre cordon qui devait amener son valet de chambre ; mais ce nouvel appel demeura également sans effet. La colère monta aux joues de ce sybarite de la locomotion.

— Morbleu ! s’écria-t-il ; ces maroufles sont-ils donc au cabaret !

D’une seule enjambée, M. Blanchard traversa le salon, l’antichambre, et il se trouva sur le marchepied.

— Holà ! Poitevin, Baptiste…

La menace expira sur ses lèvres : il était en face de trois personnages vêtus de noir. À la boutonnière du plus âgé fleurissait le ruban de la Légion d’honneur. Les deux autres n’offraient de particulier qu’une attitude silencieuse, méditative, incertaine.

M. Blanchard crut naturellement avoir affaire à trois honnêtes bourgeois attirés sous les roues de son char par une puérile curiosité. En conséquence, il fit un demi-tour sur lui-même, rentra dans l’antichambre, y prit un carton et l’accrocha à l’extérieur ; c’était le fameux avis conçu en ces termes : AUJOURD’HUI, RELÂCHE.

Les trois bourgeois ne parurent pas attacher une grande importance à l’apparition de cet écriteau. Cependant le plus âgé murmura quelques mots que les deux autres accueillirent avec des signes de tête approbatifs.