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Aussi la paysanne ne trouva-t-elle rien à répliquer. Ils se dirigèrent vers la maison, comme s’ils en eussent été les familiers. Ni l’un ni l’autre ne s’étonnèrent de la facilité avec laquelle on leur livrait l’entrée d’une retraite où, ce jour-là surtout, il était naturel de s’attendre à un redoublement de précautions. Ils étaient trop animés pour s’arrêter à des détails dont un indifférent n’eût pas manqué d’être frappé. Ils franchirent le perron. Là, Philippe dit à son beau-père :

— Monsieur le comte, il convient, il est même prudent que vous m’attendiez ici. L’entretien que je vais avoir avec Marianna est décisif, et doit se passer sans témoin. C’est du moins mon opinion.

— La connaissance que vous avez du caractère de cette femme vous met à même mieux que moi de décider du choix des moyens à employer. Je ferai selon vos instructions.

— Eh bien ! reprit Philippe, si dans une demi-heure je ne suis pas redescendu dans ce vestibule, c’est que votre intervention sera nécessaire, c’est que votre autorité sera indispensable.

— J’entends, dit le comte.

Philippe Beyle s’élança vers l’escalier du premier étage. La porte du salon était entrouverte. Il la poussa et se trouva face à face avec Marianna.

Décidément, les circonstances le servaient.

— Vous, chez moi ! dit-elle ; vous ! vous !

— Pas d’éclat, madame ; c’est inutile, et cela pourrait devenir dangereux. Pas de bruit, croyez-moi. Restons seuls tous deux. Vous savez pourquoi je viens ici ?

— Vous oubliez…

— Oh ! ne perdons pas de temps ! Ce n’est pas l’heure des récriminations.

— Que voulez-vous, enfin ?

— Je veux ma femme !