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Beyle s’avança, sur la pointe du pied, jusqu’au seuil de la chambre d’Amélie. Aucun bruit ne vint lui annoncer son réveil. Il supposa que, contrariée par son retard et après une longue attente, elle ne s’était endormie qu’à une heure fort avancée. Philippe ne voulut pas interrompre un sommeil déjà troublé par sa faute. Ce ne fut qu’au bout de deux heures qu’il se décida à entrer chez elle. Elle n’y était pas. Le lit était intact.

Philippe Beyle éprouva un de ces bouleversements qui mettent une première ride sur le visage d’un homme. Il vit sur un guéridon le billet envoyé par lui. Il s’en empara. Le cachet y était encore. Philippe fit quelques pas au hasard dans sa chambre ; les pas d’un homme halluciné. Cinq minutes après, il sonna. Il s’était assis. Il feignait de lire une revue. Ce fut Thérèse qui arriva. Elle poussa une exclamation de surprise en apercevant Philippe.

— Ah ! s’écria-t-elle, monsieur n’est donc pas en danger ! Que je suis contente !

— En danger ? Pourquoi pensiez-vous que j’étais en danger ? demanda-t-il.

La femme de chambre demeura bouche béante.

— Parlez, Thérèse.

— C’est que… hier…

— Eh bien, hier ?

— On est venu de la part de monsieur.

— On est venu dire que j’étais en danger ?

— Pas en danger, mais souffrant, répliqua la femme de chambre.

— Souffrant ?

— À la suite de votre chute de cheval. Et, en effet, monsieur est encore tout pâle.