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— Vraiment ? dit d’une voix distraite Philippe Beyle, qui ne cessait de jouer avec un bonheur surprenant.

— Et vous plus que personne, monsieur Beyle.

— Bah ! s’écria-t-on de toutes parts.

— Mon cher Bécheux, dit Colombin, si vous tenez absolument à être indiscret, n’aggravez pas vos torts en balbutiant plus longtemps.

Bécheux, piqué par cette observation, continua :

— Certainement, le hasard est pour beaucoup dans ma découverte, mais néanmoins elle a son prix. Depuis quelques temps, il n’est aucun de vous qui ne se soit demandé et qui ne se demande encore : Où diable se cache dons la Marianna ? que devient donc la Marianna ?

Philippe Beyle fit un mouvement ; mais, tranquille en apparence, il continua de jouer, c’est-à-dire de gagner.

— Eh bien ! messieurs, la Marianna demeure à Boulainvilliers, où elle est mystérieusement réfugiée dans le pavillon de mon pauvre ami Porqueval. Dès que je l’ai reconnue, je lui ai souhaité le bonjour à travers la porte. Elle est venue me délivrer en me recommandant le plus grand secret… Et voilà pourquoi je n’ai pu me trouver aujourd’hui à Tortoni au rendez-vous de Colombin.

Bécheux avait fini. Bécheux s’essuya le front. Bécheux reçut avec modestie les félicitations de ses auditeurs.

L’attention inquiète que Philippe Beyle avait prêtée à cette narration ne l’avait pas empêché de réaliser des bénéfices considérables, si considérables qu’il lui devint même impossible de quitter décemment la partie. En conséquence, Philippe écrivit un petit billet à Amélie pour la prévenir qu’un travail important la retenait au ministère et le forcerait probablement à y passer la nuit. Puis il se remit au jeu. Bientôt la fortune se retourna vers un autre amant avec la soudaineté et l’insolence des courtisanes. De Philippe elle alla à Bécheux. Bécheux hérita entièrement de Philippe, qui, après s’être obstiné quelque temps encore, finit par se trouver en perte de mille louis. Il put se lever, cette fois.