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L’histoire de Mme Flachat est le pendant de l’histoire de la marquise Ébène de Champ-Lagarde. Celle-ci, esclave, a épousé son maître ; celle-là, grande dame, n’a pas dédaigné d’élever jusqu’à elle son superbe chasseur. Mais une fois parvenu au sommet de l’échelle sociale, la tête a tourné à Jean Flachat. Autant il était respectueux et soumis lorsqu’il grimpait, en uniforme vert, derrière la voiture de Mme la baronne Lenfant, autant il est devenu intraitable et grossier à présent qu’il s’assoit à l’intérieur et qu’il étend ses bottes sur les coussins. Il se cachait autrefois pour avaler un verre d’alicante dérobé dans une armoire ; maintenant il affecte de ne se montrer qu’en état d’ivresse, et si sa femme hasarde quelques remontrances, il la frappe. Bas plagiaire du duc de Clarence, depuis qu’il a su que la baronne prenait des bains de lait, il a imaginé (chacun son goût !) de prendre des bains de tafia. Cela le fortifie, à ce qu’il prétend, et cependant on l’en retire chaque fois ivre mort. L’infortunée qui a rivé à son existence cette chaîne déshonorante essaye actuellement de la rompre ; la Franc-maçonnerie, fatiguée de lire les réclamations qu’elle lui adresse dans un but trop absolument personnel, lui a promis de prononcer sa séparation de corps et de biens. En attendant, Jean Flachat est scrupuleusement surveillé et impitoyablement conduit au poste, lorsque, titubant et embrasé de colère ou d’ivresse, il ose, une massue à la main, errer aux alentours de l’hôtel Lenfant.

Arrêtons-nous là. Ces femmes étaient au nombre de quatre-vingts environ, avons-nous dit. À onze heures, il y en avait cent. C’était l’heure fixée pour la réception d’Amélie Beyle. La séance allait commencer.