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— Un sage le déchirerait sans le lire, pensa-t-il.

Et il demeura quelque temps indécis, le pouce sur le cachet. Les réflexions se succédèrent.

— Pourquoi un sage le déchirerait-il ? Afin de ne pas voir sa confiance ébranlée. Ce sage ne serait guère courageux, en tous cas. Ne pas lire ce billet, c’est supposer que quelque chose peut ébranler ma confiance. Lisons.

Voici ce qu’il y avait dans cette lettre :

« Mon zèle aura raison de votre indifférence. Puisqu’il vous a paru inutile ou impossible de retenir Mme Beyle hier soir, demandez-lui au moins où elle est allée.

« Un ami acharné. »

— Passe pour cela, se dit Philippe ; je puis faire cette concession à mon ami.

Il réserva cet entretien pour le déjeuner. Au déjeuner, paraissant s’aviser d’un oubli de politesse, il posa la question en ces termes :

— Donnez-moi donc des nouvelles de votre tante, Amélie.

— Un reste de névralgie, mais peu de chose.

— Vous l’avez vue hier ?

Amélie leva les yeux sur Philippe avec étonnement. Il reprit :

— Je veux dire : Vous êtes allée chez elle ?

— Vous le savez bien.

— C’est vrai.

Il se tut ; mais le souvenir de la lettre anonyme le poursuivait encore.

Mon ami se moque de moi, pensa-t-il ; j’ai fait la demande qu’il m’indique ; la réponse est très rassurante. Il me rend ridicule.

Néanmoins, après un silence de quelques minutes, Philippe ajouta :