Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/311

Cette page n’a pas encore été corrigée

une mine affairée. Le tablier blanc d’un pâtissier avait été aperçu dans l’entrebâillement d’une porte, puis M. Baliveau s’était levé pour aller pousser vivement la porte. Quelques yeux impatients se fixaient sur la pendule. L’arrivée du substitut, dont le paletot ne dissimulait pas suffisamment un énorme bouquet, compléta la réunion et devint le signal de la fête.

À minuit, tout le monde était encore dans le petit salon violet, ce qui n’avait jamais eu lieu jusqu’alors. Mme Baliveau tenait tendrement serrées les mains de sa fille dans les siennes.

— Je monterai demain dans ta chambre avec Catherine pour prendre la mesure de tes rideaux de fenêtre. J’ai de la mousseline avec des dessins de toute beauté ; je veux t’en faire cadeau, à toi et à ton mari, puisque vous nous avez promis de demeurer ici pendant quelque temps.

Trois jours après cette fête d’intérieur, Marianna était chez la marquise de Pressigny. Elle menaçait et elle demandait, à la grande-maîtresse de la Franc-maçonnerie des femmes, sa signature au bas d’un ordre dirigé contre Philippe Beyle. Après avoir vainement essayé de toutes les formes de supplication, Mme de Pressigny allait écrire son nom sur l’acte fatal, lorsqu’un valet entra, lui apportant une lettre. Un tremblement la saisit dès qu’elle eut jeté les yeux sur le timbre.

La lettre venait d’Épernay.

Elle la décacheta sous le regard inquiet de Marianna, et en retira un papier qui n’était autre que l’acte de décès de Mme Baliveau. Une profonde tristesse remplit le cœur de la marquise et voilà son front pendant un instant. Quand elle se retourna vers Marianna :

— Ma nièce Amélie est franc-maçonne, dit-elle, et son mari est désormais inviolable.