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Elle sut qu’à Épernay habitait une sœur de l’association. Les informations qu’elle fit prendre lui apprirent que cette sœur, par sa position obscure, n’avait jamais été à même de rendre d’importants services à la Franc-maçonnerie des femmes. Raisons de plus, de la part de Mme de Pressigny, pour exiger d’elle un sacrifice décisif et destiné à payer toutes ses dettes en une fois. Quelle pouvait être la nature de ce sacrifice ? Un mystère planait évidemment autour de la maison et de la famille Baliveau. Un tel isolement avait sa cause ; une tristesse si particulière devait être motivée. Deux idées se présentèrent en même temps à Marianna :

L’idée de ruine ;

L’idée de maladie.

Elle se confia à un homme d’affaires pour la première. Elle s’adressa à un médecin pour la seconde. L’homme d’affaire et le médecin allèrent camper à Épernay. Inutile de dire que l’un et l’autre avaient été choisis par Marianna dans ces bas-fonds de l’intrigue parisienne où se débattent tant d’intelligences corrompues. Après huit jours, l’homme d’affaires et le médecin revinrent rendre compte de leur mission, en disant :

— Oui, il y a ruine.

— Oui, il y a maladie.

— La ruine est du côté du mari.

— La maladie est du côté de la femme.

Seulement, comme la dissimulation provinciale est encore plus forte que la rouerie parisienne, aucun d’eux ne put chiffrer la ruine, aucun d’eux ne put spécifier la maladie. C’en était assez néanmoins pour Marianna. À ses yeux, il était clair que la marquise de Pressigny devait spéculer sur ces deux circonstances. Dans quel but ? Elle n’en pouvait avoir de plus actuel et de plus sérieux que de conjurer les périls qui s’amoncelaient sur l’époux de sa nièce.