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monsieur Beyle ; vous avec une chaleur, une conviction…

Philippe se mordit les lèvres.

— Voyons, continua M. Blanchard en riant, avouez que vous ne seriez pas fâché de faire enlever Marianna ?

— Mais…

— Dans l’intérêt de l’art ! comme dit le Père de la Débutante. Cette fois, j’outrepasse la permission, et je vous devine tout à fait. Tant pis, mon cher monsieur. Après tout, je suis un peu comme vous, je n’aime guère cette Marianna ; elle a fait souffrir ce bon, ce brave Irénée ; je lui en veux. Qu’il lui ait pardonné, cela la regardait. Mais moi, je n’ai pas de motif pour renoncer à ma rancune. Et puis…

— Achevez, dit Philippe en voyant hésiter M. Blanchard.

— Ce que vous m’avez laissé entrevoir tout à l’heure couronne d’un dernier trait ce caractère, qui ne m’a jamais été sympathique. C’est assez d’une victime dans la vie de cette femme. Il ne faut pas qu’elle puisse approcher des anges de la famille. Le profond et respectueux attachement que j’ai toujours eu pour Mlle d’Ingrande, et que j’ai reporté depuis sur Mme Beyle, que dit que mon devoir, à moi aussi, est de chercher les moyens de lui éviter un contact indigne.

Philippe lui serra la main avec une vraie émotion.

— Ainsi, comptez sur moi, dit M. Blanchard ; je parlerai à Guédéonoff ce soir, demain au plus tard. Je l’enflammerai, j’évoquerai le souvenir de Falcon. Un voyage forcé est nécessaire à la Marianna, décidément.

— N’est-ce pas ?

— Les difficultés seront grandes ; mais bah ! Guédéonoff a des privilèges, des immunités. Il se dira : Enlevons d’abord ! et il enlèvera. On n’est pas pour rien le représentant d’un autocrate.

— Merci, monsieur Blanchard, merci.

— De votre côté, vous savez sans doute où se trouve la Marianna ?

— Mais non.

— C’est important cela, et il faudra le savoir.

— Je m’informerai, je chercherai…