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après avoir mis ordre à toute sa garde-robe, ne put s’empêcher de lui en faire ses compliments très humbles. Le rentier appuya. Le capitaine de gendarmerie, se piquant d’honneur, eut un sourire.

Le substitut vint enfin compléter la réunion. C’était un long jeune homme, blond comme de la paille, qui s’efforçait de dérober une profonde timidité sous les dehors d’une gravité d’emprunt.

D’après le regard que nous venons de jeter sur cet intérieur si calme, était-il possible de supposer les drames qu’il recélait ? Vers neuf heures, au moment où le piquet était fort animé, la bonne entra tout à coup.

— Madame ! madame ! dit-elle.

— Eh bien !

— C’est cette dame que vous attendez et qui descend de voiture.

Le contrôleur laissa tomber ses cartes.

— Une dame… murmura le rentier.

— Une voiture… dit le capitaine de gendarmerie.

Mme Baliveau suivit la bonne, laissant le salon violet dans le plus grand tumulte. Elle se trouva en présence de la marquise de Pressigny. Jamais ces deux femmes ne s’étaient vues. Mais elles appartenaient toutes deux à la franc-maçonnerie, l’une en qualité de grande-maîtresse, l’autre comme simple sœur. Mme Baliveau avait eu soin de faire allumer du feu dans sa chambre à coucher. Ce fut là qu’elles purent s’entretenir sans être entendues.

À l’aspect de la femme du négociant qui, ce soir-là, comme nous l’avons dit, était mise avec une certaine recherche, et dont le visage offrait toutes les apparences de la santé, la marquise ne put retenir un mouvement de surprise.

— Aux termes de votre lettre, madame, dit-elle, je croyais vous trouver souffrante ; je suis rassurée, grâce à Dieu.

Mme Baliveau sourit tristement.

— J’ai dit mourante, et c’est la vérité, répondit-elle.

— Cependant…