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Par le premier venu, sans doute, car Jean ne peut pas être soupçonné. Il ne me reste qu’à aller faire sur-le-champ ma déclaration au commissaire de police, selon l’usage.

Il prenait déjà son chapeau.

— Et si le hasard ou les limiers de la rue de Jérusalem m’aident à retrouver mon argent, je fais le vœu de grand cœur de suspendre le plus beau collier de Janisset au cou de Pandore !

Il s’arrêta soudain. Pandore ? Ce nom, involontairement prononcé, fit naître en lui un soupçon. Un soupçon outrageant, odieux, mais vraisemblable ; un soupçon dont il rougit, mais qui le rendit pensif. N’était-ce pas, en effet, Pandore qui lui avait envoyé ce secrétaire si brillant, si mignon, cage infidèle, qui avait si mal gardé ses oiseaux dorés ; prison fragile, à laquelle il était permis de supposer des gonds menteurs ? Philippe essaya d’abord de repousser ce soupçon, mais il ne fut pas le plus fort ; il savait que tout arrive, que tout est possible.

Par suite de ses réflexions nouvelles, Philippe n’alla pas chez le commissaire de police ; il se contenta, pour le moment, d’envoyer chercher un serrurier. Cet homme, après un minutieux examen du secrétaire, constata qu’il n’y avait que des semblants d’effraction ; la serrure était parfaitement intacte ; le meuble devait avoir été ouvert avec une fausse clef. Tout cela n’établissait cependant aucune preuve contre Pandore, mais cela augmentait bien les présomptions. Dans son embarras, Philippe ne vit qu’une chose à faire : se rendre chez elle immédiatement, lui raconter tout, observer son visage, étudier ses paroles et demander à cette entrevue une règle de conduite. Dans cette intention, il franchit rapidement la distance qui le séparait du domicile de la jeune femme. Son étonnement fut grand lorsque le concierge lui apprit qu’elle venait de sortir en voiture ; n’en pouvant croire ce témoignage, il monta chez elle.