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— Avance prudemment et prête l’oreille.

La voiture roula au pas pendant dix minutes. Elle s’arrêta à peu de distance d’une maison neuve et isolée au bord de la route. Alors le monsieur rouvrit la portière.

— Entends-tu quelque chose ?

— Plus rien.

— Aperçoit-on de la lumière aux carreaux ?

— Aucune.

— C’est qu’alors tu te seras trompé et que le bruit ne venait pas de là.

— Hum ! c’est drôle, pourtant ! murmura le cocher.

— Qu’est-ce qui est drôle ?

— Le chien n’aboie pas, comme il fait toujours au passage des voitures.

— Ah !… Y a-t-il un jardin derrière la maison ?

— Oui, monsieur, un grand jardin où M. Abadie a même dépensé beaucoup d’argent, à ce qu’on dit.

— Et qu’est-ce que c’est que cette Mme Abadie ?

— C’est une vieille.

— Que fait-elle ?

— Elle ne fait rien, c’est une bourgeoise. Voilà un an qu’elle est venue habiter cette maison, dont elle est propriétaire.

— Mais elle n’y vit pas seule, je pense ?

— Oh ! non, monsieur ; Mme Abadie aime trop la société pour cela ; elle reçoit beaucoup de visites, surtout des dames. En outre, il y a avec elle une domestique, sans compter François.

— François ?

— C’est le jardinier.

— Allons ! dit le monsieur, il est clair que ce n’est pas de là qu’a pu partir ce coup de feu. Continue ton chemin.

Et le monsieur rentra décidément dans la voiture. Mais la voiture ne bougea pas de place.

— Va donc ! cria-t-il ; à quoi penses-tu ?

— Je pense, dit le cocher, que je viens de quitter François à Écouen, où il était en train de faire son piquet à l’auberge de la Tête-Noire.

— Je conviens que ceci change les choses : le chien qui