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t-elle ; est-ce que vous êtes à son service ou au mien ? Si la maison ne vous convient pas, il n’y a pas besoin d’attendre qu’elle vous tombe sur le dos.

— Est-ce son déjeuner que madame désire ? demanda timidement Fanny.

— Non, ce n’est pas mon déjeuner, dit Pandore en cherchant du regard, c’est…

— C’est ?

— L’enveloppe de cette lettre que j’ai reçue tout à l’heure.

Le comte d’Ingrande et Fanny échangèrent un rapide coup d’œil.

— L’enveloppe ? répéta cette dernière avec embarras.

— Eh bien, oui, l’enveloppe ! est-ce que je ne m’exprime pas en français ?

— Si fait, madame, si fait, dit Fanny ; mais c’est que je l’ai prise avec d’autres papiers pour allumer mon feu, il n’y a qu’un instant.

— Je l’aurais parié ! s’écria Pandore en frappant du pied ; êtes-vous sûre de l’avoir brûlée, au moins ?

— Oh ! oui ! madame, c’était cette enveloppe sur laquelle il y avait…

— Allons, c’est bon ! dit sèchement Pandore.

Et elle lui tourna le dos. Puis, du fond de sa chambre où elle était rentrée, elle cria :

— Eh bien ! monsieur le comte, vous ne venez donc pas me souhaiter le bonjour, ce matin ?

Le comte d’Ingrande se précipita comme une bourrasque dans la chambre à coucher. Il y avait là ; comme dans toutes les pièces de cette sorte et comme chez toutes les femmes de la classe de Pandore, mille de ces somptuosités au rabais qui attestent l’amoindrissement et la corruption du goût : une pendule de bronze, des tentures économiques, la réunion de tous les styles, des chaises sculptées en moyen âge et des écrans rocaille, une table laque, des peintures modernes représentant comme toujours des nymphes couchées dans les herbes — car les disciples de Diaz ne sortent pas là — deux étagères encombrées de niaiseries, de coquillages, d’oiseaux filés, de frégates en