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Le comte n’écoutait par les bavardages de la petite domestique. Il s’était planté devant une glace et s’y examinait avec mélancolie, en passant et repassant la main sur son visage, comme s’il eût voulu en adoucir les rides.

— Tu dis donc que Pandore a été aux Variétés ?

— Oui, monsieur le comte.

— Seule ?

— Avec son amie Sara.

— Une grande blonde ?

— Justement.

— Et, après le spectacle ?

— Après le spectacle, madame a reconduit Sara dans son coupé ; puis elle est rentrée ici où j’avais préparé pour elle une tasse de thé. Elle a feuilleté les volumes que vous lui aviez choisis et envoyés ; et, à une heure moins un quart, elle dormait du sommeil d’un enfant.

Le comte regarda la petite bonne entre les deux yeux, et, plaçant un doigt contre le nez, à la manière des gens méfiants :

— Fanny ! Fanny ! dit-il.

— Bien vrai, monsieur le comte.

— Comment ! Pandore ne s’est pas arrêtée en chemin à la Maison dorée ?

— Non, monsieur le comte.

— Ni au Café Anglais ?

— Pas davantage.

— Il m’est cependant revenu aux oreilles que…

— Laissez donc ! encore un de vos traquenards, je connais cela. Eh bien, après ? Quand madame serait allée souper, qu’est-ce que vous auriez à dire ? Vous savez qu’elle se moque pas mal de votre jalousie !

— C’est vrai, dit tristement le comte.

Il baissa la tête, et son œil rencontra en ce moment un papier carré au milieu des chiffons que Fanny était en train de balayer.