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de toilette à double fond, comme les tabatières du vieux temps. C’est un aimable faubourg.

On n’y est occupé, comme dans les opéras-comiques, qu’à célébrer le champagne et l’amour. Dans l’après-midi, principalement au sortir de la Bourse, des hommes viennent s’y étendre sur de canapés, fumer un cigare ou deux et s’entretenir de choses insignifiantes avec de jeunes dames de trente-quatre ans, en robe de chambre, et qui, selon la mode, portent les cheveux retroussés à la Marie Stuart ou crespelés à l’antique. Ce divertissement quotidien coûte excessivement cher à ces hommes.


Un an après les événements que nous venons de rapporter, un monsieur montait, d’une façon aussi légère que pouvaient le lui permettre ses soixante ans, l’escalier d’une maison de la rue Saint-Georges, la rue la plus élégante du faubourg Montmartre. On aurait dit que cet escalier devait aboutir pour lui au troisième ciel, tant ce vieux monsieur accomplissait avec aise son ascension. Il ne s’arrêta que lorsqu’il fut arrivé au quatrième étage, devant le pied de biche traditionnel. Alors, pendant cinq minutes, il s’occupa sérieusement à reprendre sa respiration. À Paris, un quatrième étage, qui suppose toujours une terrasse, a presque la même valeur qu’un premier étage.

Après s’être épongé le front avec son mouchoir, avoir rallié ses favoris avec un petit peigne, chassé avec le pouce et l’index deux ou trois grains de poussière sur son pantalon, le vieux monsieur dirigea sa main vers le cordon de la sonnette. Mais il se ravisa tout à coup. Au lieu de sonner, il frappa. Bien doucement d’abord, comme un Némorin qui veut éveiller sa bien-aimée ; un peu plus fort ensuite, comme un jaloux qui s’inquiète et qui s’impatiente.