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— Pourquoi cela ? et de quelles qualités voulez-vous les doter ?

— Mais… leur sensibilité, leur tendresse !

— Des nerfs, et rien de plus. Autant de larmes pour un épagneul que pour un homme. De la manie, et non de la passion Croyez-moi, c’est précisément dans la gamme des sentiments que leur infériorité absolue et complète éclate davantage. Aucune idée de l’honneur : c’est une femme qui empêchera d’aller se battre en duel son amant souffleté. Pas de magnanimité : c’est une femme qui fera pourrir Latude pendant trente ans dans les bastilles. Pas de poésie : relisez Joconde, et demandez-vous pourquoi une femme préféra un nain stupide à son mari spirituel et beau ? L’amour d’une femme, allons donc ! D’abord, cela ne dure pas, ou bien, si cela dure, cela ne s’appelle plus de l’amour ; cela s’appelle de l’habitude, du calcul ou de l’orgueil.

— Eh bien… les sublimités de l’amour maternel ?

— Le pélican est tout aussi sublime, répondit Philippe.

— La mère et le lion de Florence ?

— C’est le lion qui a le beau rôle.

L’interlocuteur s’obstinait : il multiplia ses citations.

— Vous n’effacerez pas d’un trait de satire, dit-il, le dévouement d’Antigone nourrissant son père.

— Non ; mais je lui opposerai la femme du siège de Paris, faisant rôtir son enfant pour le manger.

Personne ne répliquant, Philippe Beyle continua :

— Voilà pour le cœur. Maintenant, faut-il parler de leur esprit ? À quoi bon ? L’esprit a nom Beaumarchais, Voltaire, Rivarol ; tout autre nom pâlit à côté de ceux-là. De leur industrie ? Ce qu’elles font aujourd’hui, un métier le fera demain. De leur gaieté ? Où avez-vous une femme gaie ? Une femme gaie n’existe pas. Une femme sera ou bruyante, ou bavarde, ou mordante ; elle ne sera pas gaie.

Il y eut des marques d’assentiment.

— La plupart des femmes meurent à leur retour d’âge ; c’est constaté par les statistiques. Ne vous semble-t-il point par là que, passé cette époque, le destin ait voulu consacrer leur inutilité flagrante ? Triste rôle, en effet, que le rôle des vieilles