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dre son nom, il la captiva absolument pendant une heure ou deux par sa parole tour à tour enjouée, spirituelle et éloquente. Quand il lui dit qui il était, elle se fâcha presque ; mais, revenant bientôt : « Fréron ou le diable, s’écria-t-elle, qui que vous soyez, vous êtes charmant ! »

Cochin a donné de Fréron plusieurs beaux portraits, tous en profil. La tête répond bien à l’idée qu’on se fait de l’homme : elle est solidement construite et rejetée en arrière comme par un mouvement de défi ; le front est plein de bosses, le nez aquilin, et carré à son extrémité. La bouche offre deux caractères : la lèvre supérieure est fine, très-fine, tandis que la lèvre inférieure est épaisse, commune, avançante. Quant au menton, il appartient à la série dite des mentons de galoche, indice certain d’obstination ; Fréron et Voltaire se ressemblent par le menton. Le cou est tout en chair et rebondit sur la cravate. En résumé, c’est un ensemble un peu dur, et j’ajouterais un peu pédantesque, si l’œil ne sauvait tout. Cet œil n’est ni grand ni vif,