Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII


FRÉRON DANS LA VIE PRIVÉE.

Il est temps, je crois, après toutes ces violences et toutes ces persécutions, que j’entre dans quelques détails sur les mœurs et les habitudes de Fréron, si je ne veux risquer de voir mes lecteurs, ébranlés par tant d’attaques, se ranger à la fin du côté de ses ennemis. Fréron, dans sa vie privée, était-il tout à fait ce maraud, ce brigand, cette canaille, ce chien fessé, ce gibier de galère dont parle Voltaire à chaque instant ? À entendre cette voix persistante, on serait tenté de se le figurer comme un cuistre sordide, sans feu ni lieu, vivant de croûtes et d’infamies. On se tromperait étrangement.

Fréron était un joyeux compagnon, menant grand train et faisant bombance. Autant Voltaire était maigre, autant Fréron était gras. Il avait appartement de ville et