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à son tour. Elle écrivit aux gentilshommes de la chambre pour leur annoncer sa démission, se fondant sur le sentiment douloureux qu’elle éprouvait de voir que ses talents n’étaient plus agréables au roi, puisqu’il la laissait avilir impunément. La démission de la Clairon était chose grave, et le duc de Choiseul éprouva le désir d’en causer avec elle. Il la fit mander. Melpomène eut, dit-on, de belles larmes, des accents tour à tour pathétiques et indignés. Elle répéta ses griefs et maintint ses conclusions.

Les paroles pleines d’esprit et de bon sens du ministre ont été conservées :

« Mademoiselle, lui dit-il, nous sommes, vous et moi, chacun sur un théâtre, mais avec la différence que vous choisissez les rôles qui vous conviennent, et que vous êtes toujours sûre des applaudissements du public. Quelques gens de mauvais goût, comme ce malheureux Fréron, sont les seuls qui vous refusent leurs suffrages. Moi, au contraire, j’ai une tâche souvent très désagréable : vainement je fais