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messieurs n’hésitèrent pas ; il leur parut tout naturel de demander à M. de Saint-Florentin un ordre d’incarcération au For-Évêque pour le rédacteur de l’Année littéraire. Un exempt se présenta au domicile de Fréron. Il le trouva en proie à une attaque de goutte. C’était un exempt doué de quelques entrailles, il se retira. Des amis obtinrent un sursis de quarante-huit heures, pendant lesquelles ils agirent activement. L’abbé de Voisenon, entre autres, courut chez le duc de Richelieu, dont il était fort aimé. — « La grâce de Fréron ? dit le duc, c’est la seule chose que je me croie obligé de vous refuser. — Mais encore ?… — Qu’il s’adresse à Clairon ! » Cette réponse, rapportée au journaliste, faillit faire remonter sa goutte. — « Demander grâce à Clairon ! s’écria-t-il ; je ne veux point d’un pardon si flétrissant ! Aux carrières ! conduisez-moi aux carrières ! »

Besoin fut d’aller jusqu’à la reine, — qui donna immédiatement des ordres pour faire cesser ce scandale. La Clairon en suffoqua