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malheureux dès le berceau, n’a pas même eu l’avantage de recevoir l’éducation la plus commune ; il sait seulement lire et écrire. Il vivait à Évreux dans la misère et dans l’obscurité, lorsqu’on lui apprit qu’il avait dans M. de Fontenelle un cousin dont le nom était célèbre, et qui d’ailleurs pouvait par lui-même ou par son crédit changer sa triste situation. Il vint à Paris dans cette espérance ; mais, par malheur, M. de Fontenelle était âgé de près de quatre-vingt-dix-sept ans ; sa mémoire ne le servait plus avec fidélité. Jean-François Corneille s’annonça chez lui comme un petit-fils de Pierre Corneille. M. de Fontenelle et tous ceux qui l’entouraient crièrent à l’imposture, parce qu’ils confondaient Pierre Corneille le poëte, dont la postérité était éteinte, avec Pierre Corneille, avocat et secrétaire de la chambre du roi, grand‑père, en effet, de Jean-François Corneille. Celui-ci, qui n’avait jamais lu les ouvrages de son oncle, ni même entendu parler de lui que vaguement, n’était pas en état de faire cette